À part les petits bouts de toi et mes souvenirs d’enfance, agglutinés sous les lampadaires tels des moustiques obstinés, je n’ai plus rien qui vaille la peine d’être contemplé. Longtemps j’ai soupesé mon corps, malaxant ses contours afin de le rendre digne au creux de tes mains, afin de l’exhiber au monde avec allure, le dos tendu à la barbe des étoiles, visant un Tout Puissant aussi timide qu’éphémère. Mes pensées sont volatiles, et il m’arrive plus souvent de changer d’avis que de couleur d’yeux. Si l’horreur n’a plus de secret pour toi, renifle un peu mon âme, tu verras qu’elle est belle, Reine du Royaume des Morts, la nuque courbée les traits tirés, y’a probablement plus d’espoir… La frimousse jeune aux grands yeux bleus n’est qu’un mirage de plus, tout comme peut l’être l’apparente simplicité de cet album. Mignon à la première écoute, inoffensif comme une caresse désintéressée, j’ai quand même eu envie de le réécouter ce matin, enfermée dans ma chambre comme un ado mal à l’aise, à la recherche de confort triste. J’ai salement bien fait ! Un été sur l’herbe m’a fait l’effet d’un vol plané au dessus d’un nid de souvenirs, j’ai effleuré l’amour, redécouvert les doutes et rigolé en revoyant certains de mes anciens compères. Lune rousse, et sa mélodie divinatoire m’a ouvert les deux yeux, dans mes pupilles des flots agités et quelques bulles contenant de minuscules poissons ; en fait, il serait délicat de parler de chacune des pistes de cet album, j’ai vraiment peur de briser cet état étrange dans lequel je vogue, entre félicité et calme placide, ça faisait longtemps que je n’y avais plus goûté !
Un Été sur l’Herbe