Le Temps, fidèle
ennemi
m’invite à sa table.
Mes doigts s’entrechoquent sur les couverts d’argent.
Je dépose un baiser tiède
Au sommet de ton épaule
morte
Blafarde errance d’une bouche molle
rongée par l’Amour
Sous ta peau lunaire
serpente un ruisseau triste
Pourpres, maigres
tes jambes flageolent en tentant de me fuir
Deux mont liquéfiés – de trouille
se dressent sous tes caresses
Ah! Qu’il était fier et lourd, le temps des Amours Jeunes
maintenant, les draps se gonflent de larmes à la réminiscence de ton corps disparu
et toutes ces âmes mortes
qui hurlent dans l’obscurité
s’éclatent en mille cohortes
dans les tréfonds d’un songe torturé
j’accuse! le frais matin de m’avoir aveuglée
Il me reprend mon âme
et quel supplice, de plonger tout entier dans cette masse sombre
mouillée des larmes d’un autre temps
réveille-toi , putain!
nettoie ta gueule d’amour barbouillée et
P A S S E A A U T R E C H O S E
sinon…
De la pointe des dents, je mordille des petits bouts d’un nouveau corps immaculé, trempé d’innocence.
Ta chair est tendre et moite, fondue sur les contours de mes doigts qu’avidement je décide de lécher.
Jusqu’à la prochaine odeur, je veux bien m’ignorer.
Et si ton corps venait à disparaître, j’irai sonder les limbes hostiles, d’un pas décidé. Hurlant ton nom aux ombres douces, percées de regrets, je franchirai l’impossible au coeur de glace.
Ici, où les distances infinies maintiennent le temps en émoi, comme le ferait une meute de hyènes affamées, je n’ai plus peur de lui. Sa taille ne m’effraye pas puisqu’il n’est rien, minuscule parasite hagard aux yeux tombants, qui sournoisement m’évite…
bâtard!
J’en ai croisé, des lâches, mais toi t’es leur leader puant, avec ton corps trop grand qui ne peut passer les portes de l’esprit, barbote, barbote ! dans ta libre fange, terre mouillée aux beats assourdissants et disgracieux, ils sont légions à vouloir t’ignorer.
Et je cherche ton sourire, sur ces faces d’ardoise monotones
même si je sais très bien qu’au fond, je n’en n’ai plus besoin