Je sais que t’as du mal avec les cuivres, qu’ils te retournent les entrailles. Pourtant, ce morceau là est smooth, j’imagine mal qu’on puisse le dégueuler. Je pose le disque tout contre ton oreiller, j’espère que tu penseras à moi, ce soir, avant de t’endormir…
Et si l’azur m’était rendu ?
Ce type est mordu. D’un tas de trucs pas nets, probablement sniffés depuis un bail, grillons sous le canapé qui papaoutent les ombres d’un vieux aux crottes pendantes. La colle est extra forte et l’aube salée atteste de mon amour pour toi, et tes yeux bleus qui tanguent tel un navire amer, mes cheveux sont trop fins, ils font des vagues et ça m’énerve, passe-moi la teille de jus de sardines, j’ai très envie de vomir. Elle était nue, sur son petit pont, les poils au vent, une main crispée sur le frêle crucifix offert à sa naissance par une marraine disparue ; et qu’elle est classe la crème fouettée, gonflant tes lèvres d’amours gercées, j’calcule plus trop combien de temps j’ai gaspillé à courir après mon ombre, mes dents s’effritent, toujours, j’accède pas au dehors. J’avais les mêmes oreilles que lui dans mon enfance, et puis un jour un type a dit : t’auras jamais ta chance. Alors j’ai pris un tube de colle, une paire de ciseaux bien taillée, et j’ai découpé dans ma peau, deux petits carreaux, buvards immérités , que j’ai ensuite gobés.
Donc, tranquillement, Kojaque sort un album rondement bien ficelé, chill et entêtant, le genre d’album que j’aimerais bien avoir en boucle au volant de ma voiture, lorsque je zone sur la longue route près des montagnes, je m’enveloppe dans tes cheveux et me repose, le nez contre la pierre, enfin.