Milla Jovovic – The Divine Comedy
La sublime gonzesse de la cover, gaulée comme c’est pas permis, a émoustillé direct mon attention. ‘Manque plus que son ramage soit à la hauteur de son plumage, et c’est dans la poche‘ me dis-je. Tiens, en parlant de poche, la mienne est gavée d’objets confisqués à de trépidants marmots, plus tôt dans la journée. J’enroule mes doigts autour d’une paire d’écouteurs blancs, sans marque, et les enfonce dans mes oreilles. Les premières notes déboulent en bondissant, ça a de la gueule;
la divine créature aux boucles crépitantes se matérialise devant moi. J’ai la gorge sèche, une quinte de toux me prend, comme un clebs enragé, ma bave bouillonne sans bruit. Je détourne alors le regard de son visage, taillé par un Pygmalion au sommet de son art, me risquant à scruter son cou, à croquer, et puis ses seins. Mes joues se brouillent d’un pourpre impétueux, c’que j’me sens bête!
Elle fait mine de rien remarquer et continue de chanter, à poil devant l’éternité, blanche et délicieuse tout près de moi. J’ose pas bouger, ni même cligner des yeux, mon souffle enrage dans ma cage thoracique, frappant les os qui le retiennent ; hors de question d’interrompre ce miracle, aussi farouche qu’ inattendu. Mais… j’hallucine ou elle s’approche? Je laisse sa main laiteuse frôler la manche de mon blouson, puis je ne rechigne pas non plus lorsque je sens son index appuyer délicatement sur mon poignet ; je baisse la tête. Au sol, une flopée de riffs semblent agrippés au bitume comme des grillons dans une brume épaisse et dangereuse, putain de délire!
The Alien Song prend fin au moment où ses lèvres goûtent les miennes, je rouvre les yeux, elle a disparu. À l’endroit précis où elle se tenait encore quelques instants plus tôt, une colonne de fumée blanche qui s’évapore vers le haut, attends-moi, qui que tu sois, je te rejoindrai!
Du coup, j’ai pas écouté les autres morceaux mais je m’en fous, cette entrée en matière était si parfaite qu’il est impossible que le reste de l’album soit mauvais.
Et puis, j’ai tout mon temps, pour le découvrir, les êtres divins sont éternels..
(1994)