La fille qui s’agitait dans la nuit, cachant son regard, va mal.
Je crois qu’elle s’étouffe dans ses branches de lunette érigées comme des pénis sagement dressés. À vouloir immiscer tout le noir de sa chambre dans son petit creux argenté – Dommage ! On s’étouffe.
Il y avait tant de beauté aux abords de cet incurable raideur… Mais il n’y a plus d’air pour cette pauvre petite tête bleuie aux yeux révulsés de douleur. Avant d’en finir, écoute :
Demain on repartira sur les routes et tu resteras là à regarder le destin avec tes yeux ronds à répéter : « c’est une sphère-tout-tourne-autour. Gahgahaha … ! » Mais tu n’as plus d’air ! Ne t’endors pas ! Cesse de mâcher tes lunettes !
Vite ! accuse quelqu’un de ce désordre ! Prenons une force joyeuse et humilions-la. Convions aussi les hordes qui s’agglutinent autour de la triste fatalité. Elles sont bleues comme moi, mes sœurs désespérées. Venez, vous viendrez en rangs innombrables souiller les abords des ruchers regorgeant d’abeilles et de vie. Nous traverserons ces insignifiant essaims d’insectes dardés et nous laperons le saint miel du mépris. Venez panser vos plaies, vos pourrissures, vos chairs mortes, vos âmes éteintes !
Ma pauvre vieille… Ton âme est déjà perdue. La décrépitude t’as prise. Déjà lancée, inarrêtable. Tu ne sauveras rien. Les tripes se perdent en lambeaux. De la barbaque. Un joyeux barbeuc au miel. Tu gigotes, tu t’agites, tu crois décider des victoires et juger les hommes du fond de ta cave sans joie. Tes maigres récoltes de fruits décrépits choisis dans la panique se marient bien au peu de miel cache-misère que tu nous as volé.
J’aurais voulu t’aider mais je sais que tu n’accepteras rien de moi. C’était pourtant mon vœux le plus cher. Mais j’y ai renoncé. Alors tu vois, nous sommes tous les deux seuls. À jamais séparés. Nous nous parlons comme deux âmes d’un bord à l’autre du Styx, n’était-ce pas une scène dont nous avions souvent rêvé !?
Ce serait à toi de m’expliquer comment ce serait possible, mais peut-être gagnerez-vous un jour. Quand la santé et la force libre auront perdu, ce sera à votre tour. Force étriquée, amours en rase-motte, tout à la fin, ce sera à vous. À la fin de l’humanité. Quand Dieu nous aura punis, nous les méchants. Qu’Il aura asséché le Stix qui nous sépare et que vous pourrez enfin déferler sous la forme qui vous plaît tant !
Alors priez que votre instinct instantané comme les nouilles ne vous ait pas bernés. Et priez fort et priez juste ! qu’il vous entende le Saint Père ! Aiguisez encore un peu cette sensibilité à-corps-la-fenêtre, car nous, Il ne nous a jamais entendu et on L’emmerde. On verra bien si vous êtes digne de quelque chose. Nous de toute façon on s’en fout, pour l’instant on mène, et on se prétend pas immortels…. (Là c’est des maths, faut calculer un peu pour comprendre)
D’ici là, sache que ce texte n’est pas un cadeau mais un acte de guerre. Pendant que tu déchireras ces lignes, si ce n’est pas Dieu, c’est un autre parmi les milliers de spectres de ta chambre qui te prendra à revers. Ils sont si nombreux, ceux qui échappent à ton regard crâneur.
Panique chez les zombies, on ne contrôle plus rien ! Entre-bouffez-vous !
Comme d’hab. Rien de plus prévisible que les merdeux qui se prennent pour des agents de la mort.
Vous m’excuserez donc de ne pas rester, mais je repars jouer avec mes amis les fantômes. Dans dix ans j’imagine que vous n’aurez toujours pas changé d’adresse, je vous enverrai une carte postale. En attendant, joyeux et fier enfer ! J’attends l’invasion avec impatience !
ordre et chaos son également insondables car également ordonnés (Encore un peu de maths)