Il n’y a pas si longtemps tu sais, je me promenais à deux sous les étoiles, mes doigts encerclant sa main pétrie de douceur, si fine qu’un souffle stellaire pouvait la fendiller. Pourtant, jamais elle me lâchait.
Je me moquais de tout,surtout des choses sérieuses.
J’avançais en riant, persuadée que ce bon vieux Chronos, étendu à nos pieds, gloussant une farandole de paroles flinguées, nous encourageait à piétiner, nous offrant ainsi l’Infini Désastre sur un plateau d’argent.
à force de la mordre, la poussière à fini par saigner
Sa peau teintée à laquelle je tenais tellement commençait à peler. d’abord par petites plaques éparses, y’avait pas de quoi s’alarmer.
Jusqu’à ce strident cri de volatile ressuscité qui m’a tirée de ma torpeur.
Grelottant d’effroi, j’ai découvert un amas de chairs fumantes à mes côtés, sur le matelas complice de tous nos jeux, des bulles noires claquaient en suintant. J’ai tendu l’oreille, tout près du coeur noirci, un doigt sur la touche de son âme fatiguée. Guidée par les regrets amers d’une horloge d’un autre Temps, je me mis à composer une étrange mélodie, que seuls les morts pouvaient entendre.
Je ne crois plus à l’Amour, puisque je l’ai tué.
le pauvre n’avait pas de visage, et pour seule arme, il brandissait maladroitement la ruine d’une Cathédrale au creux d’une de ses paumes.
Le combat, inégal, fut rapidement plié.
Je lui enfonçais dans le coeur – n’est-ce pas là ironique?- la pointe d’un vieux clocher.
Sous ma molle narine, un minuscule moucheron vient de s’écraser. D’un élan destructeur, je l’aspire ——- jamais plus il ne volera.
C’est ici qu je m’arrête, à la manière d’un trappeur épuisé. lorsque les force nous manquent et qu’on ne sait plus comment pleurer, la Nature se réveille et vient nous enivrer.
Assise sur un croûton de bois, les mains rafraîchies par un ruisseau lunaire, pressée de rêver aux étoiles, je songe à nous.
Et ton visage parfait, dessiné dans le beurre par un écureuil doué, me saisit et me hante, comme une morsure indélébile de quelques animaux maléfiques et dangereux, du genre de ceux que l’on se plaît à pourchasser.