J’irai dormir au fond du puits lorsque les mots ne viendront plus à moi. Cela arrive plus tôt que prévu, et c’est ta faute.
Les gens que je croyais connaître se transforment peu à peu en masses sombres assez confuses. Surtout, les os qui craquent sous les coups du Temps ont maintenant plus de timbre que le son de ta voix, à l’époque, si chaleureuse.
Tu prends de drôles de raccourcis, et je n’aime plus tes yeux. Ils ont hérité de la couleur marécageuse du doute et de la fourberie.
Je m’enivre parfois, encore, de l’esquisse parfaite que je m’étais faite de toi. Mais ma raison se tasse, rentrant les épaules pour ainsi se faire toute petite, froissée sur elle-même comme un chiffon usé traînant derrière un meuble, oublié par une main indigne de confiance et trop petite pour contenir en sa paume plus d’une étincelle à la fois.
Je ne suis plus grand-chose sans toi, mais je m’accroche à la Nuit en rigolant, car le Silence me fout les jetons et n’apporte rien de nouveau.
Mon Amour dégouline de fièvre et dans sa bouche propre, il claque des dents pour conjurer le sort. Le corps gonflé de sommeil, les nerfs à bout portant, la santé qui déraille.. Quand allez-vous enfin comprendre que nous ne sommes rien ? Je ne sais plus à qui je m’adresse. Je ne sais plus pourquoi tu me lis. Si tu me lis.. Je ne vieillirai pas d’un pouce tant que je ne t’aurai pas retrouvée.
même si ça prend mille ans.