Kid606 – Resilience (2005)
Sous l’œil inquiet d’un bouquet de Marlboro cloué au mur, s’agite une petite fille rousse à l’air boudeur -ses cheveux sentent la vanille, la myriade de boucles crépite d’impatience.
Dopée au son, la voilà qui esquisse quelques pas de danses déstructurés, aidée par une basse salace qui n’est pas là pour déconner.
A côté d’elle se tient un type dont la casquette en velours noir recouvre le haut d’son crâne. Cousus à même le tissu, une poignée de chiffres solitaires la reluquent, plaque en fer blanc marquant le tempo.
Faut vraiment pas avoir de peau pour pas être pris d’une irrépressible envie de l’étirer sur Spanish Song… Quand bien même le rythme est tranquille, ce dernier à tout pour plaire : hypnotique, captivant, il ondule son squelette à en faire pâlir le roi des pythonS , là, à quelques centimètres de notre âme ébahie, carrément secouée par la douceur de l’album. Kid606 nous avait habitué à plus brutal: des tracks carnivores , flinguées au speed, déchirées de fureur ; ici on pourrait faire l’amour à une grande Dame sur un lit de cristal tout en récitant mélancoliquement John Keats et ça passerait nickel.
Le type sourit et s’avance vers la gamine, balayant l’horizon du regard. Les deux silhouettes s’agitent au corps à corps, deux destinées qui s’opposent :
pas de travers, patte de silice
qui doucement se glisse
à l’ombre de ton sourire
Dansons! jusqu’à s’écrouler ivre..
De l’ouverture douce-amère ( Done with the Scene, porte-étendard de toutes les âmes cafardeuse du web ) à l’ultime Audition ,
l’artiste ne nous lâche pas une seule minute, offrant son corps en
vagues d’osties vibrantes, partageant son sang synthétique à ceux qui
sauront le savourer.
l’artiste ne nous lâche pas une seule minute, offrant son corps en
vagues d’osties vibrantes, partageant son sang synthétique à ceux qui
sauront le savourer.
Il y a laissé une partie de lui, c’est indéniable; reste à savoir si l’on est prêt à faire de même une fois le disque lancé..