Les chevaux de la reine sont capricieux –
Dans l’amoureuse obscurité du box qui leur sert d’abri, ils coulent des heures câlines en attendant la Guerre. Dehors, perché en haut d’un arbre, Yllan fronce les sourcils, scrutant l’horizon. Sa main droite lui sert de pare-soleil, tandis que la gauche tient fermement la branche sur laquelle il est accroupi. La mer lui souffle son haleine iodée au visage ; il se délecte alors des milles senteurs salées et crépitantes qui échouent au coin de ses lèvres, petit bout de langue rose pale habituée aux délices du corps et de l’esprit.
Que ton règne vienne, rapidement et à son bras, un millier de Morts.
Yllan retient son souffle : un gigantesque navire vient d’apparaitre sur les flots. Il plisse plus sévèrement les yeux, tentant d’identifier le vaisseau.
C’était un Galion à 3 mâts. La houle du soir grignote la coque renforcée, non ventrue, qui laisse place aux formes arrondies.
Dans quelques minutes, il pourra identifier la figure de proue du navire; son coeur s’emballe, il a le souffle court…
Une femme à la peau Lunaire est attachée à l’avant du Galion. Ses cheveux blonds, gorgés de sel et chahutés par le vent s’entremêlent devant son visage; sa gorge pâle est secouée par de légers tremblements, hoquets marins qu’anguilles et espadons se disputent. Hormis la corde qui la serre aux reins et aux cuisses, elle ne porte pas d’habits. Ses petits pieds blancs, pointés vers les flots, ressemblent à deux coquillages de porcelaine — du bout des lèvres Yllan s’imagine les frôler. La foudre le frappe instantanément, ses sens se brouillent.
J’ai ressenti la même extase à l’écoute de cet EP. Dès les premières notes, les sonorités m’ont saisie, me propulsant instantanément au milieu des étoiles. Arrive alors la track 3. Luna. Ce morceau est aussi doux et chaud qu’une nuit d’amour à tes côtés, aux frontières du réel, là où nos âmes fondent délicieusement. Ainsi, en cette radieuse condition, comment ne pas être ébloui ? Les autres bouts de la galette ne sont pas moins brillants, il vous suffit de jeter une oreille à Burning ou Lamina pour vous en convaincre. Burning qui ravage tout sur son passage, suprême guerrière assoiffée de vengeance, rythmiquement parfaite et dérangeante, le break à 1’27 me troue le bide à chaque fois, c’est assez incroyable. Et Lamina qui conclut l’affaire en remontant délicatement un plaid moelleux et mélodique sur nos corps transis d’hébétement, tant de douceur me laisse groggy.
Ce court album a ton odeur et en répand les arômes avec mystère, à la manière d’un fauve de feu. Comme toi, il dégouline de sensualité et c’est à son contact que je m’éveille vraiment. Pour ces instants de Grâce, pour ces tendres caresses, je te remercie.