J’ai trainé toute l’aprème dans une descente de garage puant la pisse tapissée de vomi, vissée à mon skate, la main coulée à des canettes de bière. Vous n’avez pas encore votre bac et pourtant on se fait confiance comme jamais plus on n’se fera confiance – des heures à m’écouter complimenter la caissière du Simply et soirées à rallonge se soldant régulièrement par un vomi dans les toilettes pourraves de la Laiterie, des retours Tigres en grosse Merco pilotée par des inconnus dont les poches, remplies de vices, n’avaient de cesse de gigoter, avec toujours cette flamme au fond des yeux, l’éternité comme horizon, nos corps souples surfant entre les ombres et les problèmes sans jamais se plier (sauf peut-être pour dégobiller, et encore).
Debout sur un Bunker, les mains dans les poches et la mèche noisette barrant mon regard : c’est comme ça que j’aimerais que tu me dessines, sans le poids des regrets collés à mes hanches et la fatigue incrustée sous les yeux.
Un jour, j’ai failli jeter tous mes jouets à la poubelle et le regrette amèrement : depuis, plus rien n’est pareil. J’ai osé perdre espoir quelques instants, la vie en a profité pour s’évaporer de mon être en une poignée de secondes irrattrapables.
Quel intérêt de ressasser ?
Raviver le feu de camp qu’on s’était amusé à construire un soir d’automne, en chantonnant. Le pire s’est produit et reste à affronter.
Ta souffrance n’aura pas de forme et nous anéantira à sa manière.
J’ai pas envie de pleurnicher mais c’est l’Amor qui nous sépare — dans l’herbe mouillée, détrempée, l’araignée tisse là sa dernière toile.
J’ai plus foi en Dieu depuis qu’Il m’a soufflé les réponses, et j’ai plus foi en moi depuis que je vous ai laissés tomber.
La honte au front pour cette satanée guerre qu’on a jamais eue à mener : des miettes de lutte pour nos molaires trouées, je touche ton visage de mes phalanges froides afin de m’assurer que la vie ne t’a pas quittée.
Mon coeur n’est plus meurtri : il est pillé. Reste à remplir les blancs par des paroles bien chaudes, par des gestes savamment calculés et tout ira bien pour nous, pour Elle,
le champ de coquelicots n’a plus d’odeur
Je crains
qu’un jour très proche nous écrabouille dans son néant et nous mélange pêle-mêle, j’y perdrai tes couleurs, veux pas !
Je vois ton chant se poser sur une branche et se mettre à bercer la nuit. Tout est doux, sous une épaisse couche de neige; un frisson émane de mon lit creusé dans un tronc centenaire : j’aime beaucoup écrire sur la nature mais m’y promène rarement, sauf quand je vais en free et m’imprègne totalement de chaque fibre et chaque insecte s’offrant à ma vue,
mes poches sont quasi vides
AH ! l’affreuse éloquence du Vide qui tourne sur lui-même sans jamais se poser nul part, pour toi, pour nous, j’annonce :