Il m’a suffi d’une seule écoute, tout comme des fois il nous suffit d’un unique regard, pour tomber amoureuse. D’une douceur inégalable de main de femme, guidé par l’espérance enfantine et bornée d’instruments en symbiose, Wingtip se vit comme un souvenir moelleux, de la trempe de ceux qui vous poussent à continuer, malgré la lâcheté ambiante. Même les cuivres se coulent dans l’atmosphère comme on se coule dans un vieux pyjama usé, fleurant bon l’amour maternel. La pochette, d’une électrique contemplation promet le plus fou des voyages, aux confins des rêves, à la limite de l’extase.
au diable la raison!
L’innocence récupère son royaume et pousse de ses petites mains habiles son Roi sur un trône forgé de coussins, recouvrant le monarque d’une couverture laineuse et, genou à terre, le nez vers le sol, elle sourit.
Sous ses paupières closes pulsent une myriade de beats élastiques et de sous son corsage s’élèvent quelques fragments de voix séraphiques et blancs, tout étonnés de voir qu’il y a encore de la vie alentours. Les corps malades, dont les entrailles broyées par l’ignorance des Autres grésillent d’effroi, se tendent doucement vers la Lumière, en quête d’un repos bien mérité.
J’exagère à peine en disant que cet album est touché par la Grâce. J’y ai senti l’Amour , mais pas le bâtard que j’ai trop longtemps porté, celui qui broie et qui déçoit. Là il s’agit d’Amour sans contrainte, de Liberté.
Et même si je dors seule ce soir, en écoutant Wingtip avant de m’évader, je ne crains plus les Ténèbres qui m’ont, les derniers temps, bouffée, car mes sens seront tournés vers des horizons moins mornes et peut être qu’enfin, demain, au réveil, je t’aurai oubliée.