c’est en plongeant dans une eau sombre sans masque, qu’un Homme seul se retrouva face à ses démons. Immobiles et scrutateurs, ils l’encerclaient ; la gorge nouée par la peur, l’homme tenta d’esquisser des mouvements, vers le haut, vers la Lumière, mais se retrouva au fond du lac, la face couverte d’algues emmêlées. Il sentit une main palmée se poser sur son cou. Frissons d’Extase ! Des striures argentées lui vrillèrent les tympans, propulsé dans un tourbillon d’amertume, les jambes pliées à contre-sens, il essayait d’ouvrir les yeux, en vain. « mourir. tirer le trait sur … sur quoi, au juste ? Une vie passée à soupirer. La lassitude de tes mouvements m’a pris au coeur, j’ai la tête pleine d’images de toi, qui furieusement me rendent malade. Si j’ai appris à me faire bien voir tout en couvrant ma chair d’une chape de plomb, ma douce et tendre, c’est pour mieux échapper ensuite, à mes bourreaux. Vous êtes souvent tranquilles, assis sur des coussins moelleux, les lèvres tendues et moites de bavardages, excités comme des puces le jour, maîtres de vos vies et rois en vos demeures… Mais lorsque l’Ombre prend ses aises, à la tombée du soleil vos coeurs se crispent, vos yeux s’écarquillent. De frousse ? Le cercle s’agrandit au maximum, vous tentez désespérément de choper le moindre pixel de lumière qui traine, faudrait surtout pas que votre âme s’éteigne, vite vite, on se grille un joint pour se rassurer, on boit un verre pour ressembler un peu plus à ces figures ancestrales qui marchent au bord du Styx, et les oreilles, trous malades et sifflotant, qui depuis dix mille ans se bornent à TOUT comprendre de travers, les oreilles, putain, gavées de relents divers et plâtre puant, se tordent, il suffirait d’une petite main en plastique mou pour les retirer – elles se détacheraient en un -« pop »- tout à fait rigolo, et j’vois d’ici la grosse dame aux cheveux gris enfiler son tablier proprement, en faisant bien trois fois le tour de son ventre avec la ficelle pour le fermer correctement, la grosse dondon, les fesses à l’air, qui ramasserait vos conques de chair pour les faire revenir dans une immense poêle graisseuse, avec quelques tranches d’oignons et de gingembre, tympans fris, tympans fris, qui veut des tympans fris ? ta carte électorale dans du formole m’apprend ta vie, c’est pas joli joli mais j’aime tes yeux, ton cou tout pâle, aussi, me fait légèrement frissonner, faut pas déconner, tu n’es que peau + os, quand tu les perdras enfin je serai libéré. Pour le moment, la seule chose qui compte c’est le Temps qui s’arrête à l’écoute de cet EP sorti du tréfonds des tripes de deux mecs biens, probablement damnés devant l’éternel, ils sont géniaux, ils font chanter les morts, un aller-simple pour les Limbes grises et froides, qui débute pourtant doucement, avec Song for Rathlin, plainte suave d’une femme forte, je sais pas qui est Rathlin, mais il a du bol, je crois.
L’EP est parcouru de cliquetis qui me font penser à des connexions neuronales qui poperaient par-ci par-là, où ça leur chantent, en fait, faut bien que les émotions viennent de quelque part ! et c’est sublime et incroyable, tendez l’oreille à chaque battement, les Enfers s’offrent à vous, serrez plus fort la main de celle qui vous accompagne, un jour où l’autre, elle vous abandonnera.