Suivez le STALKER dans la Zone, immense délire d’une société en décomposition, on s’y sent rapidement chez soit. Tapissée de vide, c’est avec une aisance toute naturelle que les pensées s’y débattent et abattent les âmes de ceux qui s’y glissent, s’y noient. Deux battants de porte entre ouverts, notre être lentement les franchit, le coeur battant d’une locomotive furieuse envahit le sommeil de l’eau, dans le verre se fragmente, l’homme doucement se lève, nous assistons ici, au réveil des Dieux.
L’Ecrivain, le Professeur, menés par le STALKER dans cette brume métallique, où s’éveillent les arbres et s’entremêlent rouille et racines, au travers d’un champs de chars, on s’y brûle.. « Mais tu sais, je me sens partout en prison » alors il s’enfuit dans la Zone, avec l’idée naïve d’en sauver quelques uns, la bouche ouverte, les yeux fuyants, n’a t-il pas peur que de lui même? Tarkovski allège son oeuvre de tout trucage ou effet spécial encombrant, dans la Zone, le superflu n’a pas lieu d’être, n’existe pas, juste ces flux, liquides, vaseux, les briques et l’eau, copulent et se confondent, en un chant tout droit vomit de la bouche d’un Ange. Commence alors la traversée, tu n’as qu’à bien te tenir, suivre les traces de ton désir, il est déjà passé par là, le Maître y a laissé sa peau mais peut être atteindras-tu la Chambre, et alors, ALORS. . .