Martin Scorsese – 1981
Habité d’une fureur animale, La Motta enchaine les coups sans souffler, terrible pluie de météorites qui transperce le ring en sifflant, cri de rage du taureau flamboyant de sueur, acclamé par une foule toute aussi dangereuse, fin du premier round. Début du second, apparition nacrée de l’ange blond, qui d’un battement de jambes dans l’eau chlorée attise le désir, la posséder, voilà son envie la plus chère révélée ; coquette romance, douceur des gestes, contraste énorme avec le 3ème round, où tout s’emballe, les plans se raccourcissent, les coups se font plus durs, impitoyables, » COOOME OOOON » braille le cadavre trempé, giclant du sang par tous les pores, gros plan sur le liquide vermeille qui dégouline des cordes, sourire provocateur de l’enragé, dernier round : victoire par K-O, La Motta s’engraisse et fait le pitre, un micro collé aux lèvres, le même qui, quelques années plus tôt descendait du ciel pour annoncer le fight, terrible ambassadeur en suspension, le temps s’arrête, et seul s’agite le boxeur, dansant avec son ombre, la seule qui, finalement, sera capable de le suivre.