Kelly Reichardt, 2011
Les 3 carrioles avancent péniblement, grincements secs et usés de l’effort, dans cet espace hostile, où tout reste à conquérir. La peau frémissante de poussière, le gosier sec, les yeux vaguement perdus au loin, un doigt habile sur la détente, Elle prend les devants. Mais jusqu’où iront ces êtres hagards, insensés, avec leurs boeufs et leur espoir , ridicule caravane mal équipée pour un tel voyage? L’indien les suit de près, de loin, à l’instar de la caméra qui, plan large, plan rapproché, semble avoir peur de ce groupe inconscient, comme si les côtoyer trop longtemps l’emprisonnerait avec eux.. Chaque matin ressemble au précédent, avec juste le niveau d’eau dans le baril qui change, s’amenuisant petit à petit, un peu comme la raison qui s’évapore au fil des plans. Meek’s cutoff, film d’Aventure terrifiant, beau et angoissant, n’a de cesse de questionner le spectateur sur ses capacités d’adaptation, d’accoutumance et de résistance