Bertrand Bonello – 2001
Le regard perdu dans son lopin de terre, la pupille accrochée sur le corps d’une femme -nue- le Pornographe songe. Fier détenteur d’une liberté aussi rare que précieuse, à l’aube d’une révolution molle, l’homme à la caméra mouillée s’interroge. Plan intérieur rapproché, ACTION, scène de coït, plan large, à l’air libre, sur cette fugitive excitée, sens et désirs exacerbés, la meute de chiens aux babines baveuses s’allonge, léger flou, souffle saccadé, poursuite furieuse de la jeunesse entravée, pourchassée malgré elle par ses peurs les plus farouches ; Bonello fait mouche : entre nous et Lui un lien se crée, tendu au point de se fissuré, mais solidement raccordé à nos émotions les plus espiègles. Et lorsque enfin, après cette longue attente, le fils, entouré de bêtes bêlantes, procréera, en un souffle en un corps on pourra tranquillement fermer les yeux.