L’Apollonide – souvenirs de la maison close
Bertrand Bonello – 2011
Derrières de grands rideaux au velours mélancolique, une ombre se glisse. Timide client aux mains crispées sur son couvre-chef – riche habitué au regard narquois, l’homme s’avance dans le salon, jonché de coussins moelleux aux envies mutines. jeux futiles, regards en biais, poitrines vibrant au rythme des conversations qui finalement, ne comptent pas vraiment, moustache taillée au cristal alcoolisé, l’Apollonide passe un doigt rieur sur les contours du trou – le verre s’exclame, la femme se redresse, ses boucles tièdes rebondissent mollement contre son cou, souffle d’extase à peine retenu, vite, montons. Long plan horizontal, intime travelling dans l’antre des plaisirs, traversé par ces mouvements verticaux, d’un corps qui subitement se lève, pressé d’atteindre l’orgasme, l’organe pointé vers les cieux habités par la femme sourire, par la femme qui songe.
Rêverie animale d’un félin ruminant sa vengeance en silence, étalage de sons et d’odeurs, la maison close bouillonne, se libère, parfois – putain de grâce éclaboussée – combien, pour l’éternité?