Joe
David Gordon Green – 2013
Une meute de chiens galeux renifle les poubelles d’un petit Drugstore
miteux, la langue pendante, espérant tomber sur quelques denrées à se
mettre sous la dent. Une aura de misère grignote la fourrure du chef de
famille, rachitique clébard au cerveau bouffé par l’alcool, dans ses
prunelles ricane la démence et son échine de frémir devant les coups-bas
de Sa Majesté.. Dans une maison abandonnée la troupe se terre, à l’abri
des regards de cette société ingrate qui se complait à les juger – la
mère mâchouille des mégots dans la plus totale indifférence, au fond de
sa boite crânienne flotte un relent d’humanité déchiqueté par l’alcool,
c’est à peine si elle entrevoit sa gamine murée dans le silence :
économie des mots, économie des gestes, on navigue en terrain connu :
ces déchets pitoyables nous montrent ce que l’on voulait voir : Joe
incarne cette ancestrale Pitié qui nous ronge, prêt à bondir au moindre
coup de phalange apposé à la gueule du jeune chiot, parallèles inutiles dessinés par un réalisateur un peu trop terre à terre, les clichés se
lattent à la gniôle, laissant peu de place à la Liberté. Mais quand
celle-ci timidement s’esquisse, les ombres ploient sous sa grandeur, les
bêtes règnent en Maitre, fidèles et dangereuses, snifant avec panache
les racines d’arbres centenaires condamnés. Joe n’est pas un grand film
en soit mais un putain de mollard étalé à la tronche de tous ceux qui se
pensent à l’abri, un petit bout d’âme nécessaire pour qui veut vivre,
tout simplement.
miteux, la langue pendante, espérant tomber sur quelques denrées à se
mettre sous la dent. Une aura de misère grignote la fourrure du chef de
famille, rachitique clébard au cerveau bouffé par l’alcool, dans ses
prunelles ricane la démence et son échine de frémir devant les coups-bas
de Sa Majesté.. Dans une maison abandonnée la troupe se terre, à l’abri
des regards de cette société ingrate qui se complait à les juger – la
mère mâchouille des mégots dans la plus totale indifférence, au fond de
sa boite crânienne flotte un relent d’humanité déchiqueté par l’alcool,
c’est à peine si elle entrevoit sa gamine murée dans le silence :
économie des mots, économie des gestes, on navigue en terrain connu :
ces déchets pitoyables nous montrent ce que l’on voulait voir : Joe
incarne cette ancestrale Pitié qui nous ronge, prêt à bondir au moindre
coup de phalange apposé à la gueule du jeune chiot, parallèles inutiles dessinés par un réalisateur un peu trop terre à terre, les clichés se
lattent à la gniôle, laissant peu de place à la Liberté. Mais quand
celle-ci timidement s’esquisse, les ombres ploient sous sa grandeur, les
bêtes règnent en Maitre, fidèles et dangereuses, snifant avec panache
les racines d’arbres centenaires condamnés. Joe n’est pas un grand film
en soit mais un putain de mollard étalé à la tronche de tous ceux qui se
pensent à l’abri, un petit bout d’âme nécessaire pour qui veut vivre,
tout simplement.