Jean Claude Brisseau – 1988
Le petit prince à l’innocence nacrée, pose sa silhouette dans cette immense cage en béton, boursouflée de tours menaçantes, où les fous mènent une danse macabre, que rien ne semble pouvoir altérer. Le faucon de feu, éternel symbole d’une liberté volage, se pose délicatement sur l’épaule de la femme aux seins nus. Le bruit d’un fusil qui troue, la fureur d’un gamin paumé, les flammes , avec appétit , dévorent les frusques moisies qui jonchent ce sol hermétique. L’innocent lui plaît. Car il observe en silence , faisant de lui l’homme de la situation. Alors il redouble d’efforts pour montrer qu’il existe, pour montrer qu’il est le plus fort. Libre? Le vieux, dans la chambre jouet est allongé, muet , gavé de glaires , sur un matelas de vices. Plaques v(i)olées, pistolet vengeur, c’est bien dans cet appartement que couche la Terreur. Cet homme dangereux, que le gamin admire, sème le doute dans les esprits troublés. BAAAM. le mal est fait. Mais alors que la femme aux cheveux dorés – contrastant tout à fait avec la Nue et la fantomatique mère vacante- tente d’éclairer le coeur de l’enfant, la moto volée déraille, les êtres baisent dans la ferraille et de ce prodigieux foutoir que rien n’arrête, naît une paradoxale lueur d’espoir. Tel le phoenix ainsi régurgité de ses cendres, l’enfant lumière déploie ses ailes, défie l’apesanteur et vole jusqu’à son étoile, celle qui veille et qui répand de puissants jets de lumières sur les êtres aimés. Les figures s’estompent alors mais pas les mots, les mots au mur ou sur les feuilles, les mots aussi , qui, en suspend, calment la révolte..